Bêtes, bêtes, bêtes, êtes-vous là ?

Cendre est une gamine.
Ce petit air rieur dans les yeux, la malice de son regard. Soit un sourire enfantin plaqué sur le visage, soit une moue moqueuse qui lui tord la bouche. Elle n'arrête jamais, taquine, joue des mots, rit la tête rejetée en arrière, et avec tout le monde, ou à elle même, sans vraiment faire attention à qui elle parle. Embête, d'un humour frais, franc, adolescent, innocent. Et puis ses petites allusions mal placées, qui n'amuse qu'elle, gêne son entourage plus qu'autre chose. Elle rit pour elle, pour la bête dans sa tête, le bonheur des gens, sans jamais cesser. Prisonnière, torturée à mort, fatiguée à en tomber, aveuglée de rage ou vengeance, elle rira. Rira pour continuer à vivre.

Lunatique pourtant, instable, esprit retord où se mélangent paradoxes, contradiction, logique illogique. Elle va te rire au nez, te parler sans complexe de sujet délicats, peut être assez gênants. Pas de modestie, ni diplomatie. Le tact ? Non merci. Paresseuse aussi, n'ayant aucun sens de la politesse, dotée d'une volonté à toute épreuve, d'un courage - légèrement kamikaze il faut l'avouer - effrayant, et d'un humour à l'épreuve de la vie. Tête à claque. Une hyperactive à mi-temps.

Malgré son apparence franche, incontrôlable, blessante par moment, son sourire et ses actions, elle les dédit à ses amis, aux gens qui l'entoure, au bonheur qu'elle voudrait voir briller dans les yeux de chacun. L'innocente vision d'une gamine qui veut le sourire de ceux qu'elle aime, la souffrance de ceux qu'elle hait. Généreuse de façon discrète - sauf pour la nourriture -, elle n'est agréable que derrière votre dos.

Pourtant, cette grande enfant est dévorée, habitée par une bête, au fin fond de ses entrailles. Une partie animale qui la bouffe, bataille sans arrêt avec son côté humain, tout deux incapable de cohabiter. D'où son caractère lunatique, l'illogique de ses réaction, l'impulsivité bestiale dont elle peut faire preuve. Inconsciente du danger, et au fil des ans, jamais elle ne luttera contre. L'amusement du combat fera place au plaisir de faire mal physiquement, puis à des pulsions meurtrières incontrôlables, l'ivresse d'être le prédateur. Sa timidité amoureuse, sentiment compliqué où elle perd pied, deviendra d'abord aléatoire, parfois remplacée par une indifférence blessante, pour bien plus tard, laisser place à une croqueuse d'homme sans scrupule, rejetant sentiment, fidélité et stabilité, juste une créature cruelle et égoïste avide de sensation.

Même dans son physique, son visage et sa silhouette, Cendre semble partagée entre bestialité et humanité. Son visage ovale au teint crème semble assombrit. Par ses traits durs et maladroits ? Son regard tellement trop sombre ? Le contraste de son petit nez rond avec sa crinière chaotique sauvage ? Pourtant elle sourit. Sourit dans ses grands yeux en amande, brillants, deux prunelles chocolatées, emprisonnées sous rideau de cils noirs corbeau. Sourit dans ses petites fossettes, aux coins des yeux et de la bouches. Sourit par sa bouche charnue, large et boudeuse, étirée en une moue narquoise, avec cette drôle de façon de les retrousser sur ses dents, comme un animal prêt à mordre. Et puis ses cheveux, à l'image de sa personnalité. Une toison brune de mèches lisses et bouclées, courtes et longues, qui couvre ses larges épaules, masque sa nuque, ses omoplates, coule le long de sa cambrure, meure au milieu de son dos. Sauvage. Elle encadre son visage, son fier port de tête, la courbe longue et fine de sa gorge, l'emprisonne dans un chaos de boucle brunies.

De larges épaules, des petits seins ronds, un torse musclé, des hanches inexistantes, de longues cuisses fermes, des mollets bien dessinés, son corps est dur, taillé à la serpe, sa sensualité gommée par le sport et la sauvagerie de sa démarche. Des formes discrètes, une musculature fine, légère, élancée, sa silhouette est une chose qu'elle apprécie à sa juste valeur.

Attention, il mord, le petit chat sauvage.

Animale.
Un don étrange que celui de se métamorphoser.

Loup, créature de mythe à qui on attribue tout les visages de la noblesse, qu'on revête de mille et une parure exagérées. Discret, un peu craintif, qui ne tue que par nécessité. Un réflexe, comme une partie d'elle même.

La Panthère. Ombre furtive, prédatrice sauvage, mort en marche. Lentement elle se glissera dans la peau de se félin, peu à peu, lorsque son pouvoir commencera à prendre possession d'elle, de son esprit.