Les Brodeurs de Mots Ecrire est la clef ~ |
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| Mot d'août | |
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Loli Brodeur Inspiré
Age : 26 Localisation : Ailleurs. Date d'inscription : 29/05/2010 Messages : 3078
| Sujet: Mot d'août Sam 1 Aoû 2015 - 5:49 | |
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| | | Lily Brodeur Inspiré
Date d'inscription : 23/02/2010 Messages : 1331
| Sujet: Re: Mot d'août Sam 29 Aoû 2015 - 2:24 | |
| Bon c'est pas terrible, c'est quasiment un premier jet. C'est pas fini et ça demanderait à être largement retravaillé. D'autant plus que ça faisait quasiment trois ans que je n'avais rien écrit. Mais je le poste parce que je me dis que c'est un premier pas et que si je prends plus de temps pour le travailler, je risque de dépasser le temps imparti ! 16h30. L'autorisation de sortie est enfin signée. Lenny enfile avec lenteur le vieux jean délavé et le pull noir taille XL avec lesquels elle était entrée ici six mois auparavant. Elle nage autant dedans qu'avant et pourtant ils lui semblent appartenir à une autre. Elle plie soigneusement sa blouse sur son lit et sort de la chambre d'un pas lourd. Ce n'est pas qu'elle est malheureuse de quitter cette grande pièce vert anis aromatisé au citron... Au contraire. Mais elle ignore si ce qui l'attend dehors peut être plus réconfortant que ces quatre murs dépourvus de toute chaleur. En sortant, elle adresse un rapide "merci et à bientôt" aux infirmiers qui s'affairent dans le couloirs de l'étage "psychiatrie". Ils ne savent pas trop quoi répondre alors ils écartent les lèvres en un sourire qui se veut aimable et lui souhaitent "bon courage pour la suite". Lenny ne peut s'empêcher de se dire qu'ils ignorent tout à fait le poids des actes qui se cache derrière ces mots, mais elle ne leur en veut pas. Ou plus. A l'isolement elle n'avait pas eu à faire à beaucoup de monde et le peu qui devait entrer dans sa chambre sentait tellement fort le mal-être que l'air en devenait irrespirable. Même les médecins ne savaient pas vraiment que faire pour la guérir et cachaient avec peine leur dégoût face à tant d'égoïsme et de stupidité. Alors qu'elle tourne les talons vers l'ascenseur, une main lui attrape l'épaule.
"Lenny, je croyais t'avoir manqué. Tes parents ont appelé, ils auront du retard. Ils seront devant l'hôpital dans un quatre d'heure. - Merci, docteur. Je vais les attendre dehors alors. - Oui je comprends. Tu dois avoir hâte de sortir ! On se revoit la semaine prochaine pour ton rendez-vous, je compte sur toi pour ne pas relâcher les... efforts."
Sale con. Après quelques formules de bienséance, le docteur Carruel la libère avec autant de bienveillance qu'un rat d'égout affamé. Lenny reprend le chemin de la sortie, avec cette même passivité. Dehors il fait beau, la légère brise vient caresser sa peau terne et ses cheveux fins et décolorés qu'elle a rassemblé en un fragile chignon. Ses gros yeux se ferment légèrement en réaction à tant de luminosité, ils semblent ainsi laisser plus d'espace sur ce visage déformé par la maigreur. Malgré le calme que la jeune femme manifeste, elle ne peut empêcher la peur et la solitude dévorer ses billes noires. Doucement elle se dirige vers la rambarde en métal qui borde le portail neuf du bâtiment. Elle s'y assoit, plongée dans ses pensées. Parmi les milliers d'incertitudes qui se battent en duel dans sa tête, une vérité indiscutable domine : sa vie était devenue un sacré naufrage, un désastre total. Elle était entrée il y a six mois en isolement à l'hôpital Sainte-Marie pour traiter son anorexie dans le but de "se retrouver", "penser à elle et à elle-seule". Coupée de toute communication avec l'extérieur même de sa chambre, elle s'était surprise à en vouloir au monde entier : à ses parents qu'elle ne pourrait pas voir pendant une demi-année, à ses amis qui continueraient leur vie si facile, aux médecins qui pensaient que la condamner à la solitude allait la guérir d'une maladie qu'ils ne comprenaient pas... Anorexie mentale. Orthorexie. Véritable horreur inspirée par sa propre personne. Comment ce crétin de Carruel pouvait-il penser qu'être enfermée avec sa pire ennemie, avec cet être qu'elle abhorrait au plus haut point allait l'aider ? Elle ne peut retenir un sourire déformé par ses dents usées en pensant à son poids actuel. Si en entrant elle pesait 39 kilos pour 1m70, elle lisait désormais 37 sur la balance de la mort qui décidait de son temps de sortie de sa chambre par jour. Efficace cet isolement, n'est-ce pas ? Sans parler de la ruine sociale qui accompagnait sa sortie. Avant, elle avait quelques amis, qui ne comprenaient pas son problème certes. Ces mystérieux TCA, troubles des conduites alimentaires. Mais ils l'invitaient à sortir, ils riaient avec elle et parfois, s'essayaient à une remarque sévère sur le peu de nourriture qu'elle avalait. Ils la protégeaient de ceux qui s'esclaffaient pour cacher leur malaise face à ce squelette ambulant. C'est plus facile de rire de la maigreur de quelqu'un qui se trouve si grosse qu'il ne peut se regarder dans la glace plutôt que d'affronter en face cette silhouette de pré-adolescente, aux os saillants et aux petits seins qui pendent. Mais après six mois sans nouvelle, elle n'oserait pas contacter ces amis qui étaient restés pour elle et qui n'avaient même pas eu le droit à une explication. D'autant plus qu'il lui faudrait reprendre sa scolarité, passer son bac, affronter le regard accusateur de son entourage, courir à nouveau de salle d'attente en salle d'attente. Se battre chaque jour un peu plus pour avaler une demi-cuillère à café et pour ne pas vouloir mourir à chaque passage devant le miroir. Essayer de s'habituer à se voir normalement comme on s'était habituée à se voir grosse auparavant. Après six mois inutiles d'internement en hôpital, après trois ans d'anorexie sévère, après 18 années de vie malheureuse, Lenny pleure en pensant à son passé. C'est un naufrage. Seule à bord, le navire a mis longtemps à dériver et s'est rapproché doucement de la côte. Il a fini par s'échouer et la carcasse qui demeure ressemble à un tas d'os déguisé par des vêtements trop grands. Un épouvantail qui fait même peur aux grandes personnes. | |
| | | Loli Brodeur Inspiré
Age : 26 Localisation : Ailleurs. Date d'inscription : 29/05/2010 Messages : 3078
| Sujet: Re: Mot d'août Sam 29 Aoû 2015 - 12:38 | |
| (C'est marrant parce que j'ai terminé il y a deux jours la série "Journal d'une ado hors norme" et la fille qui sort de l'hôpital psy, ça m'y a immédiatement fait penser. Kester I love you ) Je suis tellement contente que tu écrives Lily C'est un mot du mois et un premier jet, est-ce que tu veux quand même un commentaire poussé ? En tout cas, j'ai bien aimé. La fin est très belle, très bien tournée, et on visualise assez bien Lenny. L'anorexie est un sujet assez déjà-vu mais j'aime bien le fait que tu partes d'une fille en hôpital psy et que tu utilises quelques mots "techniques" comme orthorexie ou TCA, ça rend le truc réel, moins "cliché du mal-être d'une ado". Bref, il y a quelques passages moins fluides que d'autres mais je pense que ce texte a beaucoup de potentiel Surtout pour un redémarrage après trois ans ! (Moi je crois que je vais me défiler pour ce mois-ci (oui je sais c'est mon mot et il ne m'inspire rien du tout) désolée é.è) | |
| | | Cabélyst Brodeur Inspiré
Age : 30 Localisation : Plus loin que tu ne le penses Date d'inscription : 31/05/2010 Messages : 1929
| Sujet: Re: Mot d'août Lun 31 Aoû 2015 - 18:28 | |
| Nooon il n'est pas trop taaard ! J'ai pondu ça dès que j'ai vu le mot du mois, et je me suis dit que je l'étofferai après... Sauf que vous voyez le coup venir, je ne l'ai évidemment pas fait, entre mes occupations, l'ordi en réparation, et le fait que ce petit bout de rimes ne m'inspire pas vraiment, là tout de suite. Mais bref, je l'ai écrit, et il faut donner de l'élan au mot du mois, donc je poste, même si, personnellement, je n'en suis pas vraiment satisfaite, surtout pour le dernier vers : Naufrage, bientôt, il ne reste plus qu’un sillage, Dans l’eau bouillonnante, on ne distingue plus Que des morceaux de ravage Lugubres, à perte de vue.Et sinon, Lily : pas mal du tout pour une reprise ! :D Contrairement à Loli, je ne trouve pas que ça fasse cliché, mais en même temps, vu les romans que je lis, je ne risque pas de rencontrer ce thème très souvent. x) C'est plutôt fluide, mais je trouve que ça manque de développement, même si ce n'est pas choquant venant d'un mot du mois. ^^ Il faudrait un peu plus de contexte je pense, et peut-être aussi un peu plus du ressenti de Lenny, si jamais tu as envie de l'approfondir. :) | |
| | | Loli Brodeur Inspiré
Age : 26 Localisation : Ailleurs. Date d'inscription : 29/05/2010 Messages : 3078
| Sujet: Re: Mot d'août Mar 1 Sep 2015 - 13:12 | |
| J'aime vraiment beaucoup, Cab' ! Comme toi, le dernier vers me gêne un peu. Je crois que je n'aime pas les rejets en fait (ou alors pas pour finir un poème.) Un peu trop de virgules à mon goût aussi. Mais ça, c'est parce que je suis fan des poèmes sans ponctuation. A part ce léger détail, j'aime beaucoup : je trouve qu'il y a une atmosphère, des images, et que tout est joliment dit. J'ai vraiment flashé pour "morceaux de ravage". | |
| | | Lily Brodeur Inspiré
Date d'inscription : 23/02/2010 Messages : 1331
| Sujet: Re: Mot d'août Mer 2 Sep 2015 - 17:05 | |
| Merci Cab pour ta lecture et ton commentaire !
J'ai trouvé tes vers très beaux, avec de jolies images auxquelles je n'avais pas pensé. C'est vrai que le quatrième vers donne un rythme spécial mais il ne m'a pas du tout gêné, il renforce la coupure du troisième vers, il crée une sensation de cassure que je trouve appropriée à la scène que tu décris. Moi j'aime bien les rejets quand ils sont bien faits et là, il est bien fait !
Même si ce n'est pas assez travaillé à ton goût (avec quoi je ne suis pas d'accord, d'ailleurs) et que ce n'est que quatre vers, je suis contente que tu aies posté ! | |
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| Sujet: Re: Mot d'août | |
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| | | | Mot d'août | |
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