Concours n°5 : textes et résultats.

Sujet: Concours n°5 : textes et résultats. Dim 28 Oct 2012 - 12:50

Avec un peu de retard mais bref : le cinquième concours est lancé !

Je laisse encore une semaine aux éventuels retardataires pour s'inscrire, que ce soit dans les participants ou dans le jury, mais les participants en retard n'auront pas plus de temps pour autant !

Le sujet a été légèrement mis à jour pour le rendre plus clair. Il ne sera plus modifié mais vous pouvez toujours poser vos questions dans le topic du sujet.

Je rappelle que les participants ont jusq'au 28 novembre soir pour m'envoyer leurs textes par MP (voir le topic du sujet pour le contenu du titre du MP).

Je posterai ici les textes dès que je les recevrai pour que le jury puisse les noter le plus rapidement possible, ça évitera que le concours ne s'éternise.

A vos plumes !

Sujet: Re: Concours n°5 : textes et résultats. Mer 28 Nov 2012 - 15:42

Texte de Fraisy :

Oeuvre : sculpture, Aphrodite surprise au bain, artiste inconnu, conservée au British Museum. (Je vais essayer de trouver une photo de bonne qualité et libre de droits pour la mettre ici)

J’ai froid
J’ai peur
L’effroi
La sueur
Sur mon corps de marbre
Entre mes jambes nues
Sur ma face macabre
Et mes deux seins tordus
Enveloppent ma peau
Comme de la cire chaude
Et recouvrent mon dos
De pudeur comme une fraude
Tous ces gens qui me regardent
Qui passent et soulèvent la poussière
Voient ce gras qui me farde
M’enlaidit, avant de tomber à terre

Est-ce qu’ils me trouvent belle ?

J’ai faim
J’ai mal
Le vin
L’aval
Partout dans ma poitrine
Au fond de mon esprit
Mandés par mes babines
Et mes veines durcies
Cambrent mon dos arqué
Vers l’apaisement du sol
Fixent mes yeux séchés
Promettant mon envol
Tous ces gens qui me regardent
Qui vivent et respirent le grand air
Aiment ma tenue bâtarde
Ma torture, à jamais sans frontières

Est-ce qu’au moins, ils me trouvent belle ?

Je rêve
Je cris
La trêve
La nuit
Derrière les portes fermées
Dans ces œuvres souffrantes
Ces murs barricadés
Cette noirceur brûlante
M’offrent un silence abrupt
M’apprennent le trottoir
Traitée comme une pute
Qu’on paierait pour voir
Tous ces gens qui me regardent
Qui aiment et crèvent d’éphémère
Ils ne me regardent pas
Vraiment, ils ne voient que la pierre

Même elle, ils ne la trouvent pas belle

N’ai-je pas les pieds décharnés des galériens oubliés ?

Sujet: Re: Concours n°5 : textes et résultats. Mer 28 Nov 2012 - 19:51

Texte de Lily

Oeuvre : peinture, Le Christ priant pour l'Humanité, LAZERGES, conservée au Musée des Beaux Arts de Quimper. image : [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

Lui, reflet de l'imperfection
Qu'il parte, il encombre ma vue
Faiblesses, crimes et trahisons
Il ose prier quand il est perdu.

Et il prie, il prie pendant qu
'il peut.

Lui, là bas qui regarde noir
Il tient la misère dans ses mains
On lui a dit "aime ton prochain"
Pas "fais disparaitre l'espoir".

Et il prie, il prie pendant qu'il peut.

Lui, tout ceux qui se savent mourir
Qui ne voient plus le jour briller
Qui ont oublié comment vivre
Et qui prient pour ne pas couler.

Et il prie, il prie pendant qu'il peut.

Mais va-t-il attendre de tenir
Son bébé bleu, bien trop figé
Sa progéniture, sa motié
Pour commencer à réagir ?

Puis j'ai compris pourquoi prier
Lorsque j'ai croisé son regard
Pur, innocent et plein d'espoir,
Qui me disait qu'il fallait croire.

Alors ça m'a sautée aux yeux
Qu'hypocrites, on avait trouvé
Que l'excuse de lever aux cieux
Nos têtes bourrées de vices cachés.

Et on prie, on prie tous au fond.
Parce que ça excuse nos actions,
Parce qu'on en oublie la fin d'la vie,
Parce que c'est plus facile ainsi.

Et on prie, on prie pendant qu'on peut.

Sujet: Re: Concours n°5 : textes et résultats. Mer 28 Nov 2012 - 20:15

Texte de Fraisy

• Le rythme et la fluidité : 6/10 points

« J’ai froid/J’ai peur/L’effroi/La sueur ». Ce rythme vif et saccadé nous jette dans ton poème immédiatement, j’aime beaucoup. Malheureusement, le dernier a une syllabe de plus que les autres… En lisant vite ça va, mais bon, sur des vers aussi courts, ça se remarque quand même.
« Et mes deux seins tordus » : Une syllabe en trop, là aussi, ce vers casse le rythme. En plus, ce n’était pas difficile de le rendre plus fluide : il suffisait de supprimer « et » ou « deux ». (Edit : après réflexion, c'est moi qui n'accentue pas les 'e' comme il faut. Désolée, je te remets le demi-point.)
« De pudeur → à terre » : J’ai trouvé ce passage moyennement fluide. Cahots, rythme bancal…
« Tous ces gens qui me regardent » (strophe 2) : Encore une fois, ce vers m’a bloquée –mais légèrement seulement, je te rassure. Je n’ai jamais aimé les « qui » dans les poèmes.
« Ma torture, à jamais sans frontières » : Pas très fluide.
« Traitée comme une pute/Qu’on paierait pour voir » : C’est un peu court par rapport au reste.
« Ils ne me regardent pas » : trop près de « tous ces gens qui me regardent », la répétition écorche l’oreille.

Je sais, ça fait beaucoup… En général, ça se gâtait sur les fins de strophes –ce qui que je ne peux pas supporter y est présent à chaque fois, alors… Mais tu as quand même su instaurer une fluidité et un rythme entraînant sur de longs passages et je t’en félicite.

• La transmission d'une image : 5/5 points

J’avais vu l’œuvre avant de lire le poème, je l’avais donc déjà en tête. Mais en lisant ton poème, d’autres images encore sont nées : j’ai vu la statue prendre vie sur son socle, l’effroi et la fatigue se peindre sur ses traits, le désespoir dans son regard ; j’ai vu les passants qui l’ignorent ou la fixent comme « une pute qu’on paierait pour voir. » J’avais l’impression d’être là, et j’ai vraiment beaucoup aimé.

• La transmission des émotions, des sentiments (et des pensées) : 12,5/15 points

En fait, je n’avais pas seulement l’impression d’être là. J’étais également dans sa tête, à ses côtés. On sent la douleur de cette Aphrodite enlaidie et jetée aux regards, sa fatigue… On ressent avec elle le malaise, la cire chaude, cette question insistante sur la beauté qui met presque mal à l’aise (parce que, perso, ce n’est pas une sculpture que je trouve belle et j’en suis venue à culpabiliser XD). Les pensées sont cohérentes, frappantes, le genre qui ne touche pas seulement les statues. L’effet est très réussi. J’aime particulièrement ce passage :

Partout dans ma poitrine
Au fond de mon esprit
Mandés par mes babines
Et mes veines durcies
Cambrent mon dos arqué
Vers l’apaisement du sol
Fixent mes yeux séchés
Promettant mon envol

A part le « mandés par mes babines » qui sonne étrangement à mes oreilles –j’ai mis du temps à comprendre que ça se référait au vin donc ça m’a bloquée–, j’ai vraiment trouvé ça magnifique et l’émotion qui s’en dégage est très réussie.

Mais il y a cependant quelques problèmes, d’après moi :
« Traitée comme une pute/crèvent d’éphémère » : ces deux formules familières pourraient apporter une belle violence, mais comme elles arrivent tard et sont isolées, ça n’a pas marché. Au contraire, ça sonne de façon plutôt étrange, coupe dans la lecture, et on est un instant éjecté avant de revenir dans l’esprit de ta statue.
Ah oui, aussi, le sens de la deuxième strophe m’a échappé : c’est la nuit, le musée fermé. Pourtant, tu abordes le fait qu’elle se sent considérée comme une prostituée… Pour moi, ç’aurait été plus logique de le dire à un moment où elle est soumise aux regards. Mais ça reste un détail. A moins que ce soit la soirée qui évoque l’heure de « faire le trottoir » ? Ah, oui, je viens de comprendre… N’empêche, cette pseudo-incohérence m’a un peu gênée dans ma lecture.
Pour finir, « N’ai-je pas les pieds décharnés des galériens oubliés ? » : Hum. Comment dire. C’est extrêmement fluide, ça sonne bien, bref, une belle fin sur la forme ; mais dans le fond ? Galériens oubliés, je veux bien, mais « pieds décharnés » ? Dans un sens, je comprends ce que tu veux dire, mais d’un autre côté, après la douleur que tu viens de nous décrire, je trouve ça un peu ridicule pour une fin de s’attarder sur… ses pieds. Dommage, j’ai bloqué au tout dernier moment.

12,5 reste une note excellente pour moi. Tu m’as vraiment épatée en me projetant dans les émotions de cette statue qui ne me plaisait pas esthétiquement, ne m’avait jamais touchée jusque-là. J’ai redécouvert cette œuvre. :D

• L'importance des fautes et le respect des consignes : 9,5/10 points

« Je cris » : ouille, la faute. Verbe du premier groupe, je criE. C’est la seule que j’ai trouvée, mais elle est tellement affreuse que j’ai été tentée de t’enlever un point entier. :P

Au niveau de la forme, consignes respectées, aucun problème. Et tu es dans les temps, bravo ! (Ahah, je sais que tu en as bavé ;D).

• L'originalité : 7,5/10 points

Difficile à juger. Ton poème me paraît original mais en fait, écrire les pensées d’une œuvre, c’était le sujet : donc pas de points pour ça. :P Et ce n’est pas le plus original que tu aurais pu choisir, je trouve… Le British Museum, une œuvre gréco-romaine… Plutôt classique, d’autant que tu es restée assez basique : en choisissant une statue, tu écris les pensées d’un personnage plus que d’une œuvre. N’empêche que torturer Aphrodite avec la question « Est-ce qu’ils me trouvent belle ? », elle qu’on imagine sûre d’elle, rayonnante, distribuant l’amour à tout va… Ben ça m’a beaucoup plu, comme idée. :)

Total : 40,5/50 points

Sujet: Re: Concours n°5 : textes et résultats. Jeu 29 Nov 2012 - 23:50

Le rythme n'a jamais été mon fort --' dans ma tête c'est très clair et fluide, mais pas dans celle des autres x)
-Je lis 'sueur' d'une traite ; je sais que ça se fait en poésie, mais c'est vrai qu'il n'y a que des mots courts ici et donc que ça passe moins.
-"Et mes deux seins tordus" : tu as sans doute cru que j'avais fait des vers de cinq syllabes ; ce n'est peut-être pas toi qui accentue trop, mais au contraire moi qui ne choisis pas bien mes rimes --'
-Le reste, je n'ai rien à dire, sinon merci de me l'avoir signalé... tu as entièrement raison, évidement. Je n'y arrive pas, que veux-tu XD

Star

Merci :D

Je ne la trouvait pas belle non plus XD ce qui m'avait marqué au musée. Une réflexion stupide du genre : "C'est elle Aphrodite ? et bah, ils avaient des goûts bizarres dans l'Antiquité !" J'ai aussi culpabilisé ^^
-Je vois ce que tu veux dire pour la violence à la fin. En fait, je me suis bêtement dit que ce serait bien de terminer sur un truc violent, mais sans réfléchir sur une gradation à faire ni rien. ^^"
-Pour la nuit, en fait j'ai voulu faire comprendre que c'est le moment où elle peut réfléchir le plus à sa condition, rester calme et échapper un plus à sa douleur. ^^ c'est pour ça qu'elle évoque la prostitution à ce moment-là.
-« N’ai-je pas les pieds décharnés des galériens oubliés ? » : en référence aux pieds de la statue, très abimés. C'est sur eux qu'elle repose tout son malheur, c'est sa raison du pourquoi elle est pas belle...

Star

"Je cris" : oui, c'est profondément horrible oO" merci ^^' (et oui, ça été très dur. XD)

Star

merci :) c'est vrai que c'est archi-classique et le plus facile à faire. (perso je n'aime pas). c'est cool que tu aies trouvé des points là-dedans x)

Merci beaucoup d'avoir autant détaillé et commenté ! :D Je ne t'ai pas trouvée trop dure, plutôt bien gentille pour ça

Texte de Lily

• Le rythme et la fluidité : 8/10 points

*il ose prier quand il est perdu
Ce vers m’a paru trop long et j’ai buté dessus.

*Lui, là bas qui regarde noir
Pas très fluide, je ne saurais dire au juste ce qui m’a gênée. Peut-être l’expression « regarder noir » qui m’a perturbée, ça existe ?

*Parce qu’on en oublie la fin d’la vie
Je crois qu’il y a une syllabe en trop, malgré ton « d’la ». D’ailleurs j’aime bien ce procédé en chanson mais quand il est isolé je trouve qu’il ne rend pas terrible, et « d’la » est très moche à dire, donc la fluidité m’a également gênée.

Je n’ai pas grand-chose à dire à part ça. Je trouve que tu as vraiment assuré sur ce point. Ton poème est fluide, il coule vraiment tout seul, on bute sur très peu de choses, ce qui est d’autant plus difficile à faire que tu emploies beaucoup « qui » et « que » (mots que, une fois encore, j’abhorre en poésie). Bref, bravo. ^^

• La transmission d'une image : 3/5 points

Tu as choisi un tableau très riche, avec beaucoup de personnages, et je trouve que tu n’en as pas rendu beaucoup dans ton poème. Quand je l’ai lu, l’image qui m’est apparue s’est avérée être assez loin du tableau. Mais bon, le sujet n’était pas de décrire le tableau, je ne peux donc pas te pénaliser pour ça ; je trouve juste ça dommage de laisser tant de détails de côté.
N’empêche que j’ai été assez déçue. J’ai vraiment eu l’impression de croiser le regard pur, innocent et plein d’espoir, moi aussi, et ça m’a foudroyée sur place ; j’ai également vu une foule d’hommes, têtes levées vers le ciel, vices au fond des yeux. Oui, ces images étaient vraiment très fortes, dès la première lecture. Mais sur le reste du poème, les images ont été plus rares –un peu trop. Je pense que tu aurais pu les évoquer avec plus de force. Tu m’as déjà prouvée dans d’autres poèmes que tu en étais parfaitement capable. ;)

• La transmission des émotions, des sentiments (et des pensées) : 9,5/15 points

Ici, un gros problème se pose : oui, il y a des émotions, des sentiments et des pensées. Mais ceux de qui ? Pas de l’œuvre ! Ton poème est hors-sujet, d’après moi. Comment l’œuvre pourrait-elle dire : « il encombre ma vue » ou « j’ai croisé son regard » alors qu’elle ne se voit pas elle-même ? D’ailleurs, « il » fait partie d’elle, donc la façon dont elle en parle est étrange… Je crois que tu n’as pas compris le sujet. :/ Et ça me pose d’autant plus problème que je me le suis dit tout au long de ma lecture. Dur, dans ce cas-là, de rentrer dans l’atmosphère…
Néanmoins, venant de l’œuvre ou pas, les sentiments sont bien là. Ce mépris palpable, qu’on ne peut pas s’empêcher de partager, et qui se mue en compréhension –qu’on partage tout autant puisque tu l’expliques très bien. Le désespoir qui nous apparaît, ce besoin absolu de prier « pour ne pas couler ». Cette fin un brin fataliste, non, plutôt résignée, ironique, comme un sourire désabusé sur la comédie humaine… J’ai vraiment beaucoup aimé. L’évolution des sentiments est un peu brutale, mais en même temps ça va avec le poème : ce flash, cet éclair quand il croise son regard, cette soudaine « compréhension divine. » Les sentiments sont là, je pense qu’ils auraient pu être plus exacerbés mais ils sont indéniablement présents.

Te noter est difficile, mais je pense que tu mérites largement neuf points et demie. En même temps, vu que j’étais censée noter ta capacité à exprimer les pensées et les sentiments d’une œuvre, je ne peux pas te mettre plus. Désolée.

• L'importance des fautes et le respect des consignes : 4,5/10 points

*là-bas
*disparaître
*tous ceux
*sa moitié
*ça m’a sauté
*on avait trouvé : là je suis un peu perplexe, si j’ai bien compris le sens c’est « on n’avait », non ? Comme ça a gêné ma compréhension, je te le compte comme faute –c’était ça ou te le compter dans la fluidité, de toute façon.

Pour le respect du sujet, aucun problème au niveau de la forme, tous les vers y sont et ils sont bien rimés.
Par contre, comme je l’ai dit plus haut, je t’ai trouvé à côté de la plaque sur le sujet en lui-même : tu n’as pas écrit les pensées ni les sentiments de l’œuvre. D’un certain côté, tu as de la chance : dans mon barème, les fautes sont sur cinq points et le respect au niveau des contraintes deux points et demie, ce qui ne laisse que deux points et demie pour te pénaliser sur le hors-sujet. Mais d’un autre côté, ce défaut s’est aussi ressenti parmi les autres critères. C’est dommage. :/ D’autant que tu aurais pu faire quelque chose de très intéressant avec ce sujet, je pense !

• L'originalité : 7,5/10 points

Bon, je pense que tu aurais pu faire plus original. D’autant que, comme je l’ai dit pour la transmission des images, tu es partie d’un tableau très riche avec lequel tu pouvais nous surprendre ! Mais ce revirement du personnage m’a bien plu, et ne doit pas être si courant. J’aime bien aussi ta manière de présenter le Christ, ton « Il prie pendant qu’il peut. » Comme pour Fraisy, ta façon de prendre une icône et de nous la montrer telle que tu la vois m’a beaucoup plu, même si le reste n’est pas franchement original.

Total : 32,5/50 points

Texte de Herbe Folle

Oeuvre : peinture, Octobre, James Tissot, conservée au Musée des Beaux-arts de Montréal.

Dans l’éclat fauve des ramures d’automne,
Les désillusions de la veuve rayonnent.
Sens-tu l’amour indifférent d’autrefois ?
Et l’odeur perdue, des châtaignes brûlées au feu de bois.

Claironne, au loin, la ruine de l’église
Grisâtre, ses vitraux défraichis et sa porte,
Aux gonds déboussolés, qui oscille sous la brise.
Jolie poupée noire… ne joue pas la morte.

Où va donc ton regard, regard ? Regarde,
Hirondelle, messagère destituée, fracassée
Et ordonne, à genoux et sans voix, ordonne,
Que les Aigles s’abattent sur les Ours fêlés.

Symbole d’un autre temps, immémorial,
Où le monde faisait fi de ton allure glaciale,
Chauve-souris, les Ecureuils exorbités détalent,
Et la poussière part en rafales.

L’amour égaré dans le froid, amer et sans loi,
Est si lointain, que tes yeux ambrés n’ont plus
De mal à rire. Mais l’esprit guette et tue,
Tes rivaux bien vivants, il ôte jusqu’à leur foi :
La chasseresse va à la messe.

Le Marronnier est sanctifié. Et que son âme
Retienne, encore une seconde, la femme
Qu’il voile derrière son écrin de feuilles,
Telle une ancienne biche à l’œil,
Lourd et fardé. Où est ton jardin secret ?

Quand même le gazon ment,
Et que les noisettes pourrissent,
N’est-ce pas la faute au vent ?

Mon amour, le cimetière est fermé le jour des morts.

Texte de Fraisy

•Le rythme et la fluidité : 6 /10 points

Je trouve que ton poème manque de fluidité, surtout au début.
Le fait que tu ouvres chaque strophe avec des vers très courts m’a rebutée pour la première strophe, mais après je trouve que ça va mieux, les mots sont mieux choisis et sont plus entrainants. En fait j’ai beaucoup aimé pour le début des deux autres strophes, j’ai trouvé que c’était déjà plus fluide.
Ensuite, pour le reste des strophes, je trouve que ton rythme est assez haché, surtout pour la première. J’ai essayé de lire ton poème à voix haute, et je n’arrivais pas à trouver le rythme, j’étais plutôt mal à l’aise, tes vers ne s’enchainent pas d’eux-mêmes. Ca va un peu mieux à partir de la deuxième strophe, mais il y a trop de détachement entre tes vers, et pas assez de ponctuation pour guider la lecture. En général, qu’il y en ait peu ne me dérange pas, mais là il n’y en a pas du tout, et pour un poème aussi long avec des vers qui sont assez longs aussi, c’est gênant.
Après, même s’il n’est pas fluide, ton rythme aide à la transmission de ton image, donc ce n’est pas complètement négatif, et heureusement qu’il y a le début des strophes, très rapide, qui redonne de l’élan à la lecture.

•La transmission d'une image : 5 /5 points

Là je n’ai rien à redire. Tes mots imposent des images, et avant même d’aller chercher une photo de la sculpture, je m’étais fait une image de ce à quoi elle devait ressembler. Et puis on s’imagine vraiment bien une scène.

•La transmission des émotions, des sentiments (et des pensées) : 13 /15 points

Là aussi c’est très bien. Tu n’utilises pas (ou peu) de mots qui expriment explicitement un sentiment ou une émotion, et pourtant c’est très fort, on sent bien la honte, le dégoût même, et cette obstination, ce besoin de savoir que les autres la trouvent belle. En plus ça reste vivant : le ressenti change, il évolue, tu fais varier le vers entre les strophes, et on sent que ça devient de plus en plus fort et présent. Et à la fin cette amertume profonde, presque une résignation. On est vraiment pris par ses pensées et ses émotions, et d’ailleurs ça contribue à donner les images.

•L'importance des fautes et le respect des consignes : 9,5 /10 points

Evidemment pour le respect des consignes c’est tout-à-fait ça. Ce sont bien les pensées de l’œuvre, elles lui sont spécifiques et elles sont « crédibles » même si originales ; tu as rendu ton texte à l’heure, etc…
Sinon la faute que Loli a déjà relevée : crie et pas cris ; je n’en ai pas vu d’autre non plus.

•L'originalité : 9/10 points

Ton poème m’a vraiment surprise. Quand j’ai vu le titre : Aphrodite surprise au bain, je ne m’attendais pas à ça. De manière générale, je crois que quand on dit « Aphrodite » à quelqu’un, il ne s’imagine pas ce genre de chose. Et en même temps ça reste « crédible », ce côté obnubilée par sa beauté, ça colle très bien à cette déesse. Ce matin, j’ai eu un cours sur l’art grec, et le prof nous a dit qu’après tout, l’attribut d’Aphrodite, c’est son corps. On retrouve ça dans ton poème, cette importance presque cruciale, et pourtant tu l’abordes sous un angle auquel on n’aurait pas pensé, ou du moins pas au premier abord.

Total : 42,5 /50 points

Texte d'Herbe Folle

• Le rythme et la fluidité : 8,5/10 points

*ne joue pas la morte
Bien que ce vers soit sans conteste magnifique, je m’attendais un peu à « ne joue pas à la morte », syllabe en plus qui serait d’après moi bienvenue, donc en ne le trouvant j’ai légèrement trébuché.

*Et la poussière part en rafales.
En fait, je le relève parce que c’est un coup de cœur. Abrupt juste ce qu’il faut. Rien à dire.

*la chasseresse va à la messe
Là par contre je n’ai pas aimé. Je n’ai pas trouvé ces sonorités fluides et le vers en lui-même est un peu court.

* Mon amour, le cimetière est fermé le jour des morts.
L’image est magnifique. Le vers, un peu long.

• La transmission d'une image : 5/5 points

Alors là, rien à dire. Des images, il n’y avait que ça, on les ramasse à la pelle –comme les feuilles mortes. Un tourbillon de couleurs et même d’odeurs exactement dans les tons de ton tableau : je ne m’attarderai pas pour ne rien dire, un mot suffit. Chapeau.

• La transmission des émotions, des sentiments (et des pensées) : 10/15 points

Hum. Il se pose le même problème que pour Lily. Ton poème correspond à l’œuvre sans en être vraiment ses pensées mêmes. En fait, c’est ce que désigne « tu » qui me fait penser à l’œuvre ; donc à moins d’être schizophrène, ce dont je n’ai pas eu l’impression, je la vois mal s’adresser à elle-même de la sorte. Bref, c’est du hors-sujet : comme je l’ai dit pour Lily, je suis censée noter la transmission des émotions de l’œuvre, d’où ta note un peu basse.
Et vraiment, c’est dommage, parce que les sentiments existent : l’amour indifférent, la nostalgie, l’hirondelle fracassée qui m’a arraché un sursaut d’effroi… La mélancolie, la désillusion, ces choses que l’on ne peut pas retenir, ce cimetière fermé, tout est de la faute du vent… C’est très beau, d’une beauté émouvante. J’ai vraiment été touchée. Dommage de perdre bêtement cinq points parce que ces sentiments ne viennent pas de la bonne personne.

• L'importance des fautes et le respect des consignes : 6,5/10 points

Pareil que Lily : déjà, tu perds deux points et demie sur le hors-sujet que je t’ai expliqué dans le critère précédent.
Je t’enlève aussi un demi-point parce qu’il fallait des vers rimés. Je veux bien que « messe » rime avec « chasseresse » et « fardé » avec « secret », mais le dernier vers, désolée, il ne rime avec rien.
Et un dernier demi-point pour « défraichis » qui s’écrit « défraîchis ». Eh oui, les accents, ce n’est pas de la déco.

Pour finir, nous n’oublions pas ton retard, mais les points te seront enlevés sur la moyenne finale.

• L'originalité : 10/10 points

Je ne vais pas m’étendre : c’est super original. Tu as un style un peu abstrait que j’adore, tu parles d’Ecureuils exorbités sans virer dans le ridicule… Comment ne pas adhérer ? Je te félicite. Et je tiens à dire que, des trois poèmes, c’est le tien que j’ai préféré. :)

Total : 40/50 points

Cab', puis-je me permettre de te demander de te dépêcher ? Tu as fixé toi-même la date de fin, logiquement tu devrais être disponible pour les critiques.

Désolée, voici la suite des corrections, la fin avant le début de la soirée.

Texte de Lily

•Le rythme et la fluidité : 7 /10 points

Il n’y a pas de gros problèmes de rythme, mais dans l’ensemble ça manque un peu de fluidité, de souplesse, je trouve.

•La transmission d'une image : 3 /5 points

En fait, il n’y a que peu d’images dans ton poème. C’est surtout une réflexion, et il n’y a pas de métaphores. Personnellement, je trouve que ça devrait être un peu plus imagé. C’est un avis personnel, mais je pense qu’un poème a besoin d’images, de métaphores, pour être plus présent, renforcer les émotions... Après c’est vrai que ce sont des pensées et pas une description de paysage, ce n’est pas évident de donner des images pour ça, mais on est quand même sur une œuvre d’art, et là je n’ai pas réussi à me faire une idée du tableau avant de le voir.

•La transmission des émotions, des sentiments (et des pensées) : 12,5 /15 points

Je trouve que les sentiments sont bien rendus. Ils sont variés et précis : colère et mépris, rancœur et amertume, désespoir et peur, espérance… Après il faudrait qu’ils soient plus appuyés, plus présents… et un peu plus « illustrés ».

•L'importance des fautes et le respect des consignes : 5 /10 points

Quelques fautes qui auraient pu être facilement évitées : là-bas, avec un tiret, moitié et pas motié, ça m’a sauté aux yeux, et pas sautée, on n’avait trouvé, et pas on avait.

Et pour le respect des consignes ça se gâte. On a bien les pensées, mais on ne comprend pas que ce sont celles de l’œuvre. Elles pourraient être celles d’un personnage du tableau, ou d’un visiteur.

•L'originalité : 5 /10 points

Ce n’est pas très original. Le thème de l’œuvre est déjà courant, et ton interprétation des personnages, les pensées que tu dévoiles, ne sont pas vraiment surprenantes. Sauf le Christ présenté plus comme un désespéré qu'un sauveur.

Total : 32,5 /50 points

Texte d'Herbe Folle

•Le rythme et la fluidité : 9 /10 points

Ton rythme est très entraînant, il m’a littéralement emportée. Le seul petit truc que je pourrais te reprocher, à la limite, c’est justement de ne pas nous laisser souffler, ne serait-ce qu’une seconde, quitte à reprendre de plus belle après. Sinon, très belles sonorités.

•La transmission d'une image : 4 /5 points

Les images s’imposent d’elles-mêmes, elles m’ont emportée comme le rythme. Ce que je trouve juste dommage, c’est qu’on ne voit pas plus clairement l’œuvre, et surtout qu’il n’y ait pas de dissociation entre l’œuvre et les autres éléments visuels dont tu parles. Si je n’avais pas vu le tableau avant de lire ton poème, je me serais attendue à voir une église, par exemple.

•La transmission des émotions, des sentiments (et des pensées) : 10 /15 points

Des émotions il y en a, mais je trouve qu’elles ne sont pas assez précises, ni assez présentes. Les images prennent beaucoup de place, et tout se succède très vite, du coup les émotions ont moins de temps pour se mettre en place et rester. Dans l’ensemble ça passe quand même, mais pour les deuxième et troisième strophes, c’est vraiment limite. Sinon les trois dernières strophes, il y a vraiment un côté ironique et mordant, sarcastique même, qui est bien rendu et que j’apprécie.

•L'importance des fautes et le respect des consignes : 5 /10 points

Pas de fautes à part l’accent, mais le respect des consignes… Plusieurs vers qui ne riment pas (regarde, ordonne, pourrissent et morts), et surtout, même problème que pour Lily : pensées, oui, mais pas de l’œuvre. Là aussi, ça pourrait être les pensées d’un spectateur, qu’il soit dans le tableau ou en dehors : rien n’indique clairement qu’il s’agit des pensées de l’œuvre.

•L'originalité : 8 /10 points

Je trouve ton poème plutôt original, parce que ce n’est pas ce qui m’est venu à l’esprit quand j’ai vu le tableau, avant de lire ton poème, et parce que tu choisis des mots et des formules peu habituels, avec un style particulier, que j’apprécie.

Total : 36 /50 points

Encore désolée du retard, voici le résultat final :

Première : Fraisy : 40,5 + 42,5 = 83/100 soit une moyenne de 41,5/50

Deuxième : Herbe Folle : 40 + 36 = 76/100 soit une moyenne de 38/50, moins trois points pour le retard : 35/50

Troisième : Lily : 32,5 + 32,5 = 65/100 soit une moyenne de 32,5/50

Félicitations Fraisy, et bravo aussi à Herbe Folle et Lily !