Les Brodeurs de Mots
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 Histoire sans fin

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Fraisy
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Loli
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Loli
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MessageSujet: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyVen 17 Déc 2010 - 20:30

Rappel du premier message :

Il y a eu un moment où les jeux fleurissaient (qui a dit, pyramide de mots, charades-livres, mot à mot...) Mais il n'y en a plus de nouveaux depuis un bout de temps. Je vous en propose donc un autre ;)
La règle est simple : un membre écrit une phrase et le suivant écrit la suite de l'histoire en une phrase, ainsi de suite. Évitez juste les choses sans aucun rapport ("la princesse chante dans son château" "Séraphine achète des bonbons pour son anniversaire") !
Je commence donc ^^

"Il faisait froid ce jour-là, et elle marchait d'un pas rapide."
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Cabélyst
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMar 21 Déc 2010 - 22:52

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite.
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Fraisy
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMar 21 Déc 2010 - 22:59

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés.
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Cabélyst
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMar 21 Déc 2010 - 23:02

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMar 21 Déc 2010 - 23:06

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMar 21 Déc 2010 - 23:13

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMar 21 Déc 2010 - 23:16


Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements.
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Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMar 21 Déc 2010 - 23:25


Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux.
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Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
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-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMar 21 Déc 2010 - 23:33


Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite.
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Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent.
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Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMar 21 Déc 2010 - 23:56

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur.
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Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 0:03

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 0:11


Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
Il faisait de plus en plus noir, et elle perdit bientôt de vue la lumière de la ville. Elle sentit même la nuit tomber, mais ne put que continuer dans cette ruelle sans cesse plus longue.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 0:15

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
Il faisait de plus en plus noir, et elle perdit bientôt de vue la lumière de la ville. Elle sentit même la nuit tomber, mais ne put que continuer dans cette ruelle sans cesse plus longue. Enfin, elle aperçut une lueur, comme si la ruelle se terminait sur la porte ouverte d'une maison.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 13:54

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
Il faisait de plus en plus noir, et elle perdit bientôt de vue la lumière de la ville. Elle sentit même la nuit tomber, mais ne put que continuer dans cette ruelle sans cesse plus longue. Enfin, elle aperçut une lueur, comme si la ruelle se terminait sur la porte ouverte d'une maison. En se rapprochant, la lumière devenait plus intense, et, bientôt, elle l'aveugla. Finalement, elle sortit de son échappatoire la main en visière, en se mordant la langue pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 17:48

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
Il faisait de plus en plus noir, et elle perdit bientôt de vue la lumière de la ville. Elle sentit même la nuit tomber, mais ne put que continuer dans cette ruelle sans cesse plus longue. Enfin, elle aperçut une lueur, comme si la ruelle se terminait sur la porte ouverte d'une maison. En se rapprochant, la lumière devenait plus intense, et, bientôt, elle l'aveugla. Finalement, elle sortit de son échappatoire la main en visière, en se mordant la langue pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
Elle se retourna prise d'une soudaine panique. Elle porta la main à sa bouche mais aucun son n'en sortit. Le passage semblait s'être volatilisé et il avait été remplacé par un flou total, d'un blanc laiteux. Elle se retourna et constata que la lumière du fond de la ruelle avait continué de briller, suspendue dans cette masse blanche infinie qui avait avalé les contours de son monde. Elle marchait dans un vide immensément blanc.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 18:18


Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
Il faisait de plus en plus noir, et elle perdit bientôt de vue la lumière de la ville. Elle sentit même la nuit tomber, mais ne put que continuer dans cette ruelle sans cesse plus longue. Enfin, elle aperçut une lueur, comme si la ruelle se terminait sur la porte ouverte d'une maison. En se rapprochant, la lumière devenait plus intense, et, bientôt, elle l'aveugla. Finalement, elle sortit de son échappatoire la main en visière, en se mordant la langue pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
Elle se retourna prise d'une soudaine panique. Elle porta la main à sa bouche mais aucun son n'en sortit. Le passage semblait s'être volatilisé et il avait été remplacé par un flou total, d'un blanc laiteux. Elle se retourna et constata que la lumière du fond de la ruelle avait continué de briller, suspendue dans cette masse blanche infinie qui avait avalé les contours de son monde. Elle marchait dans un vide immensément blanc. Pendant un court instant, elle crut que c'était de la neige ; pourtant, sous ses pieds, le sol était aussi dur que du béton. Elle se rapprocha de la lumière, mais elle semblait s'échapper, avancer en même temps qu'elle, si bien qu'elle douta de la réalité de cet endroit. On ne l'avait pas droguée, pourtant... Quand auraient-ils eu le temps de le faire?
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 18:43

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
Il faisait de plus en plus noir, et elle perdit bientôt de vue la lumière de la ville. Elle sentit même la nuit tomber, mais ne put que continuer dans cette ruelle sans cesse plus longue. Enfin, elle aperçut une lueur, comme si la ruelle se terminait sur la porte ouverte d'une maison. En se rapprochant, la lumière devenait plus intense, et, bientôt, elle l'aveugla. Finalement, elle sortit de son échappatoire la main en visière, en se mordant la langue pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
Elle se retourna prise d'une soudaine panique. Elle porta la main à sa bouche mais aucun son n'en sortit. Le passage semblait s'être volatilisé et il avait été remplacé par un flou total, d'un blanc laiteux. Elle se retourna et constata que la lumière du fond de la ruelle avait continué de briller, suspendue dans cette masse blanche infinie qui avait avalé les contours de son monde. Elle marchait dans un vide immensément blanc. Pendant un court instant, elle crut que c'était de la neige ; pourtant, sous ses pieds, le sol était aussi dur que du béton. Elle se rapprocha de la lumière, mais elle semblait s'échapper, avancer en même temps qu'elle, si bien qu'elle douta de la réalité de cet endroit. On ne l'avait pas droguée, pourtant... Quand auraient-ils eu le temps de le faire?
-Numéro 163962, continuez d'avancer je vous prie.
Elisabeth se figea au milieu du rien infini. Quelqu'un avait parlé, elle en était sûre!
Son regard silencieux glissa sur la neige vide sans comprendre d'où pouvait venir cette voix.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 18:49


Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
Il faisait de plus en plus noir, et elle perdit bientôt de vue la lumière de la ville. Elle sentit même la nuit tomber, mais ne put que continuer dans cette ruelle sans cesse plus longue. Enfin, elle aperçut une lueur, comme si la ruelle se terminait sur la porte ouverte d'une maison. En se rapprochant, la lumière devenait plus intense, et, bientôt, elle l'aveugla. Finalement, elle sortit de son échappatoire la main en visière, en se mordant la langue pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
Elle se retourna prise d'une soudaine panique. Elle porta la main à sa bouche mais aucun son n'en sortit. Le passage semblait s'être volatilisé et il avait été remplacé par un flou total, d'un blanc laiteux. Elle se retourna et constata que la lumière du fond de la ruelle avait continué de briller, suspendue dans cette masse blanche infinie qui avait avalé les contours de son monde. Elle marchait dans un vide immensément blanc. Pendant un court instant, elle crut que c'était de la neige ; pourtant, sous ses pieds, le sol était aussi dur que du béton. Elle se rapprocha de la lumière, mais elle semblait s'échapper, avancer en même temps qu'elle, si bien qu'elle douta de la réalité de cet endroit. On ne l'avait pas droguée, pourtant... Quand auraient-ils eu le temps de le faire?
-Numéro 1639362, continuez d'avancer je vous prie.
Elisabeth se figea au milieu du rien infini. Son regard silencieux sur cette neige vide essayait de comprendre d'où pouvait bien venir cette voix.
-Et bien, Jordan, vérifiez sur sa fiche d'identité si elle parle bien français. Numéro 1639362, s'il vous plait! Avancez.
La voix était dure et autoritaire, tranchante et strict, et refusait d'exprimer quelconque autre sentiment.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 19:02

Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
Il faisait de plus en plus noir, et elle perdit bientôt de vue la lumière de la ville. Elle sentit même la nuit tomber, mais ne put que continuer dans cette ruelle sans cesse plus longue. Enfin, elle aperçut une lueur, comme si la ruelle se terminait sur la porte ouverte d'une maison. En se rapprochant, la lumière devenait plus intense, et, bientôt, elle l'aveugla. Finalement, elle sortit de son échappatoire la main en visière, en se mordant la langue pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
Elle se retourna prise d'une soudaine panique. Elle porta la main à sa bouche mais aucun son n'en sortit. Le passage semblait s'être volatilisé et il avait été remplacé par un flou total, d'un blanc laiteux. Elle se retourna et constata que la lumière du fond de la ruelle avait continué de briller, suspendue dans cette masse blanche infinie qui avait avalé les contours de son monde. Elle marchait dans un vide immensément blanc. Pendant un court instant, elle crut que c'était de la neige ; pourtant, sous ses pieds, le sol était aussi dur que du béton. Elle se rapprocha de la lumière, mais elle semblait s'échapper, avancer en même temps qu'elle, si bien qu'elle douta de la réalité de cet endroit. On ne l'avait pas droguée, pourtant... Quand auraient-ils eu le temps de le faire?
-Numéro 163962, continuez d'avancer je vous prie.
Elisabeth se figea au milieu du rien infini. Quelqu'un avait parlé, elle en était sûre!
Son regard silencieux glissa sur la neige vide sans comprendre d'où pouvait venir cette voix.
-Eh bien Jordan! Verifiez sur sa fiche d'identité qu'elle parle bien français. Numéro 163962, avancez.
Sa voix était dure et autoritaire, tranchante et stricte et refusait d'exprimer quelconque autre sentiment.
Elisabeth demeurait pétrifiée.
-Jordan!, répéta la voix avec des accents métalliques.
-Ouai ouai, prononça une voix lente. Nirao 163962, euh... Fuck... comment on dit avancer?
Il y eût un bruit de feuilles froissées comme si quelqu'un tournait des pages de livre.
-Excusez moi..., finit par articuler Elisabeth
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 19:25


Il faisait froid ce jour là et elle marchait d'un pas rapide. Elle releva la tête et contempla la longue file de voitures à l'arrêt.
-Putain de grève, marmonna-t-elle en rentrant le menton dans son écharpe
Sur ce, elle s'agrippa à son sac à main bon marché, et, ignorant les flocons qui avaient commencé à danser autour de ses yeux, elle se dirigea vers la grande porte en verre de l'autre côté de la route. Après une légère hésitation, elle poussa la poignée en bronze et pénétra dans un grand hall. Ses talons aiguilles résonnaient sur le marbre. Elles rougit de faire autant de bruit ; elle préférait passer inaperçue, se fondre dans la masse, demeurer invisible, et elle rougit encore plus, attirant encore plus les regards, convergeant les attentions vers sa silhouette élancée. Son calvaire prit fin lorsqu'elle arriva devant la standardiste :
- Puis-je vous aidez, s'enquit cette dernière.
Il y eut un instant de gêne dans lequel elle hésitait sur ce qu'elle pouvait lui confier : que savait cette femme? Était elle au courant de... sa mission particulière?
Elle vérifia de suite :
- Je suis Mademoiselle Enlunh.
-Et ? Vous avez rendez-vous ?
Zut. Voilà qui lui compliquait la tâche. M.Chang lui avait pourtant affirmé qu'il serait présent, et qu'il lui arrangerait une intrusion facile. Où diable était il passé?
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle se plia en deux, la main sur la bouche.
-Toilettes ?
La standardiste ouvrit de grand yeux affolés à la seule idée que le marbre puisse être sali et pointa un couloir sur la gauche. Parfait.
Elle fit mine de courir vers celles des dames, sachant très bien que, derrière elle, la standardise la suivait des yeux, inquiète. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte... et ne put étouffer une exclamation de surprise.
Un homme se tenait accoudé au radiateur. Il lui tournait le dos et pianotait nerveusement sur la canalisation chaude.
-Vous êtes en retard, pesta-t-il sans se retourner avec une espèce d'accent nordique.
La jeune femme s'approcha lentement et souffla de sa voix douce:
-J'ai à parler avec Monsieur Chang.
L'homme ne répondit pas tout de suite. Il se retourna, lentement, laissant apparaître son visage, jusque là perdu dans l'obscurité. Il aurait put être beau. Il aurait dû l'être. Mais une balafre lui scindait le visage en deux, en diagonale. Comme un mauvais sourire, improbable, celui malicieux mais si terrible de la connerie humaine. Et il était humain, sans aucun doute : cela se voyait à ses petits yeux cruels, renfoncés dans leurs orbites. Elisabeth frissonna. Cet homme ne lui plaisait pas, n'avait-elle pas fait une erreur en lui disant qui elle cherchait? Elle crut bon de s'excuser, elle ne se doutait pas que le rendez vous avait lieu dans un endroit pareil...
-Je comprends, coupa l'homme, abrupt. Cependant, ce ne sera pas nécessaire. Monsieur Chang a désiré prendre un peu de repos. Vous êtes licenciée..., sussura-t-il en sortant un revolver.
De grosses plaques rouges morcelèrent le visage pâle de la pauvre femme. Elle se précipita vers la sortie mais en ouvrant la porte elle se retrouva nez à nez avec un immense type en smoking noir. Elle eut d'abord peur que ce ne soit un comparse du balafré. Voyons qu'il n'avait pas l'air agressif, elle espéra un bref instant que l'homme était un brave héros qui allait la sauver. N'empêche c'était à se demander ce que tant d'humains de sexe masculins venaient faire dans les toilettes pour femmes ! Laissant cette pensée s'échapper, elle sourit à l'homme à travers les larmes qui commençaient à couler. Gêné, l'homme bafouilla une excuse comme quoi il avait oublié ses lunettes et s'était trompé de porte, et s'excusa encore en voyant l'homme derrière, se doutant qu'il avait interrompu quelque chose, même s'il se fourvoyait grandement quant à cette chose.Suivant sa pensée, Elisabeth rougit violemment, mais, laissant sa dignité de côté, elle décida de profiter de l'erreur de l'homme.
-Au... au secours... il voulait... me...
L'homme, en voyant ses larmes couler librement à présent, ne chercha pas plus loin. Cette femme était en danger, elle était fragile, et l'homme avait essayé de lui reprendre sa liberté. Il passa à l'action. N'écoutant que son viril instinct protecteur, il fonça sur le balafré, levant le point en un geste héroïque. De toute évidence, il n'avait pas comprit le danger, ni vu l'arme noire chargée pointée sur lui. Il ne vit que trop tard le canon de l'arme, au moment où le balafré pressa la détente avec un regard froid. L'homme courageux n'eut même pas le temps de réaliser qu'il avait mal et s'écroula par terre, le clic du silencieux résonnant faiblement dans ses oreilles. Elisabeth avait déjà filé et n'avait pas entendu l'homme tomber. En revanche, elle entendit les pas du balafré sur le marbre, derrière elle, et accéléra sa course du mieux qu'elle pouvait. Le problème, c'est que les talons aiguilles n'étaient pas vraiment un avantage lors d'une poursuite. Elle étouffa un juron et pris une seconde pour enlever ses chaussures : le froid du marbre ne la ralentit pas un instant. Elle passa comme une flèche devant la standardise outrée, sans penser un instant qu'elle pourrait lui venir en aide. Avec la force du désespoir, elle poussa les portes en verre de l'entrée, et s'engagea dans l'avenue grouillante d'hommes et de femmes innocents et affairés. Elle emprunta un dédale de rues, tournant à gauche et à droite, à droite et à gauche, comme elle avait vu faire dans les films, en espérant semer le balafré. Mais, très vite, elle se perdit, passant et repassant devant des gens désemparés et désarmés face à une telle conduite. Elle passa plusieurs fois, notamment, devant un vieillard au front dégarni, au sourire impénétrable et aux yeux pétillants. Il l'observait. Au bout d'un certain nombre de fois, elle s'arrêta une fraction de seconde, intriguée. C'était l'occasion qu'attendait le vieilard assis sur son banc, dos au parc municipal. Il tendit ses mains sales et fatiguées, sourit encore plus :
-S'il vous plait, fit-il.
Sa voix était polie et chaleureuse. C'est alors qu'elle remarqua ses vêtements. Il portait un costard élimé et boueux, ce qui était déjà original, mais ce qui attira le plus son regard était la fleur dans la poche de sa veste. Elle restait reconnaissable, même séchée, et elle ornait aussi une vieille cravate dénouée autour du cou de l'homme. Sans la quitter des yeux, Elizabeth sortit de son sac à main, rescapé de la course poursuite, pour prendre toute la monnaie qu'elle possédait et les remettre à cet homme. Un courant de compréhension sembla passer entre eux. Sans se départir de son sourire mystérieux, il la remercia d'un signe de tête en plongeant son regard dans le sien. Ils ne surent combien de temps ils restèrent ainsi, ancrés l'un dans l'autre, tout est-il qu'elle finit par s'inquiéter : et son agresseur alors? Il sembla comprendre sa peur, et lui fit un petit signe de tête. Elle ne comprit pas tout de suite. Cela dut se voir dans son regard car le vieillard la poussa doucement en lui montrant une direction de la tête, avec un sourire indulgent. Lentement, elle tourna la tête, pour remarquer une ruelle jusqu'alors invisible, sombre et étroite, se dévoiler. Elle ne l'avait jamais vu, et ne serait pas surprise qu'elle n'existe sur aucune carte. A son tour, elle remercia le vieillard d'un signe de tête et d'un sourire, et s'éloigna doucement vers le petit passage. Du coin de l'oeil, elle vit le balafré s'avancer vers le vieillard et le dépasser en l'ignorant. Elle savait qu'il ne la verrait pas. Elle n'avait plus peur. Elle savait que son nouvel ami ne la dénoncerai pas. Quant à savoir si elle devait emprunter la ruelle ou revenir avec le vieil homme, elle hésitait. Elle décida de se fier à son étrange rencontre et s'engagea dans la ruelle.
Il faisait de plus en plus noir, et elle perdit bientôt de vue la lumière de la ville. Elle sentit même la nuit tomber, mais ne put que continuer dans cette ruelle sans cesse plus longue. Enfin, elle aperçut une lueur, comme si la ruelle se terminait sur la porte ouverte d'une maison. En se rapprochant, la lumière devenait plus intense, et, bientôt, elle l'aveugla. Finalement, elle sortit de son échappatoire la main en visière, en se mordant la langue pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
Elle se retourna prise d'une soudaine panique. Elle porta la main à sa bouche mais aucun son n'en sortit. Le passage semblait s'être volatilisé et il avait été remplacé par un flou total, d'un blanc laiteux. Elle se retourna et constata que la lumière du fond de la ruelle avait continué de briller, suspendue dans cette masse blanche infinie qui avait avalé les contours de son monde. Elle marchait dans un vide immensément blanc. Pendant un court instant, elle crut que c'était de la neige ; pourtant, sous ses pieds, le sol était aussi dur que du béton. Elle se rapprocha de la lumière, mais elle semblait s'échapper, avancer en même temps qu'elle, si bien qu'elle douta de la réalité de cet endroit. On ne l'avait pas droguée, pourtant... Quand auraient-ils eu le temps de le faire?
-Numéro 163962, continuez d'avancer je vous prie.
Elisabeth se figea au milieu du rien infini. Quelqu'un avait parlé, elle en était sûre!
Son regard silencieux glissa sur la neige vide sans comprendre d'où pouvait venir cette voix.
-Eh bien Jordan! Verifiez sur sa fiche d'identité qu'elle parle bien français. Numéro 163962, avancez.
Sa voix était dure et autoritaire, tranchante et stricte et refusait d'exprimer quelconque autre sentiment.
Elisabeth demeurait pétrifiée.
-Jordan!, répéta la voix avec des accents métalliques.
-Ouai ouai, prononça une voix lente. Nirao 163962, euh... Fuck... comment on dit avancer?
Il y eût un bruit de feuilles froissées comme si quelqu'un tournait des pages de livre.
-Excusez moi..., finit par articuler Elisabeth.
-Ah, vous voyez! fit la voix traînante du dit Jordan. Elle parle français. Bon, alors tu te bouge num' 163machin? On t'attend, là.
De nouveau, le bruissement se fit entendre, suivit d'un claquement sec. Le livre se refermait.
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MessageSujet: Re: Histoire sans fin   Histoire sans fin - Page 2 EmptyMer 22 Déc 2010 - 19:43

(je suggère qu'on commence un nouveau paragraphe ça commence à prendre de la place)

Elisabeth était pétrifée sur place.
-Bon, tinta la première voix aigrie, Jordan appelle Patchouli.
-Oh Patchouli! Ramène toi vieux.
Elisabeth regarda vers la lumière avec une tête d'attardée mentale.
-Eh, bé, intervint une troisième voix avec un accent marseillais, ils sont pas jolis jolis vos clients aujourd'hui. Dis moi gourdasse, tu compte te bouger ou bien? Le monsieur a du travail alors tu avance, tu crèves et on en parle plus.
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