Loli Brodeur Inspiré
Age : 26 Localisation : Ailleurs. Date d'inscription : 29/05/2010 Messages : 3078
| Sujet: Roman n°1 - Inscriptions Ven 11 Jan 2013 - 21:09 | |
| /Roulement de tambour\ Mesdames, messieurs, j'ai l'honneur de déclarer les inscriptions pour le premier Roman commun ouvertes ! (Pour ceux qui se demandent de quoi je parle, allez voir ici.) Tous les volontaires motivés et relativement disponibles pour les deux prochains mois, disons, sont les bienvenus. Je clôturerai les inscriptions dans deux semaines, c'est-à-dire le vendredi 25 janvier. Je précise que le premier inscrit n'est pas obligé d'attendre la fin des inscriptions pour commencer à écrire le premier chapitre.
Bien, à présent, je vous présente le prologue dont vous devrez partir ! Certains le connaissent déjà et je suis sûûûûre qu'ils adoreront imaginer une suite. J'ai conscience qu'il est long, mais vu que j'avais la flemme d'écrire autre chose, vous devrez vous y coller. Bonne lecture, j'espère qu'il vous inspirera !
- Spoiler:
Une lumière tamisée se déversait sur les meubles d’acajou, les faisant délicatement scintiller. Comme toujours intimidé par le luxe de la salle, Kael passa une main appliquée sur son crâne, vérifiant que ses cheveux étaient impeccablement coiffés ; ses doigts rencontrèrent la bosse de ses cornes naissantes et il les retira vivement, affichant une expression amère. Il semblait que son sang d’homme ralentisse considérablement sa croissance. Il désespérait de devenir un jour un véritable démon. Heureusement, son étrange nature n’avait jamais empêché son maître de le tolérer. D’un pas léger, il s’approcha du large fauteuil où ce dernier se reposait. « Ils sont là, Sire, murmura-t-il d’une voix feutrée. » L’homme, qu’on aurait pu croire endormi, releva vivement la tête. Son visage livide et ses yeux d’un noir fiévreux lui donnaient l’air malade, mais son expression souriante respirait une joie juvénile. Ses cheveux blonds, toison emmêlée qui voilait son front, contribuaient à le rajeunir en dépit de son costume sévère ; il ressemblait à un enfant mûri trop vite, maladroit dans son monde d’adulte terne et délavé, affaibli mais encore joueur et persuadé que la vie finit bien. Une lumière s’était allumée sur ses traits fins en entendant Kael. « Eh bien, fais-les entrer ! s’exclama-t-il gaiement. - Tout de suite, Sire. » Le serviteur se retira à reculons pour revenir quelques instants plus tard, guidant à sa suite trois personnes vêtues de longues capes blanches. La première était un homme aux cheveux d’un noir de jais et au visage renfrogné, le menton fuyant. Derrière lui venait une femme blonde, plutôt jeune, aux yeux bleus et à l’expression tout aussi renfermée que le premier. Seul le troisième homme paraissait parfaitement à son aise, l’expression nonchalante et ses cheveux, d’un gris acier, noués en catogan un peu lâche. Il sourit en voyant son hôte. « Tu as meilleure mine que la dernière fois ! remarqua-t-il d’une voix grave et onctueuse. - Oh, Kael ne ménage pas ses efforts, mais je suis un patient difficile ! » Le blond ponctua ses paroles d’un rire qui se termina en quinte de toux et eut un geste désinvolte de la main devant le regard méfiant de son invitée féminine, qui semblait se demander la gravité de son mal. « Asseyez-vous, asseyez-vous ! C’est un plaisir de vous recevoir ! Vous me pardonnerez de ne pas me lever… - Evidemment, lâcha l’homme aux cheveux gris en prenant un fauteuil. » Les autres retirèrent leur cape, incommodés par la chaleur étouffante qui régnait dans la pièce, avant de s’asseoir à leur tour. Ils étaient habillés de tuniques immaculées, resserrées à la taille par une ceinture à laquelle était passée un sabre pour la femme et une épée pour l’homme, de pantalons bouffants et de bottes en daim blanches elles aussi. Le souffrant jeta à peine un regard à leurs armes, semblant trouver leur présence aussi naturelle que celle de neige en plein hiver ; il ne prêta pas plus d’attention aux magnifiques ailes blanches présentes dans le dos de chacun. « Kael assistera à notre échange afin de le consigner, lâcha-t-il avec un signe de tête vers le métis. Il m’arrive en effet de souffrir de quelques… légères baisses de concentration. J’espère que cela ne vous dérange pas. » Le brun scruta le serviteur avec suspicion, mais l’homme au catogan eut un sourire affable. « Bien sûr que non, Lucas. - Parfait ! Quelque chose à boire, peut-être ? Votre voyage a dû être éprouvant… - Il s’est parfaitement bien déroulé, merci, coupa brutalement la jeune femme. Maintenant, pourrions-nous parler de ce qui nous amène ? » Lucas la toisa d’un air clairement amusé, et également légèrement admiratif. « Vous n’avez rien perdu de votre fougue. » Sa remarque sembla contrarier un peu plus sa convive, qui croisa les bras sans répondre. Le sourire du blond s’élargit. « Rassurez-vous, c’était un compliment. - Judith est assez susceptible, lança l’homme aux cheveux gris d’un ton narquois. Ne t’en formalise pas. - Je la comprends, intervint soudain le brun. » Son ton était grinçant et il avait froncé les sourcils, réduisant ses yeux bruns à deux fentes chargées d’animosité. « Ne tournons pas autour du pot. Nous ne faisons pas une visite de courtoisie. - Certes non. Kael, tu peux commencer à prendre des notes. » Le serviteur installé dans un coin de la pièce hocha la tête sans écrire et les autres remarquèrent qu’il n’avait ni papier ni stylo, mais semblèrent considérer que ce détail n’avait pas la moindre importance. Personne ne connaissait les réelles capacités d’un démon, encore moins d’un métis, et il pouvait parfaitement avoir une mémoire sans failles. « Dois-je préciser qui sont vos invités, Sire ? intervint-il poliment. - Bien sûr, bien sûr, n’oublions rien. J’ai le grand honneur de recevoir avec moi Jonas le Pécheur –les mâchoires du brun se contractèrent, faisant saillir un os dans son visage–, Judith la Vengeresse –la femme releva fièrement la tête– et évidemment mon ami Lazare, Celui Que L’On Ne Peut Pas Tuer… » Le dénommé Lazare accueillit son titre d’une expression amusée et ses yeux gris se mirent à luire. « Les trois plus grands anges déchus après moi-même, compléta Lucas avec un sourire modeste. - Nous ne sommes pas encore déchus ! protesta Jonas d’une voix que l’énervement rendait plus aiguë que d’ordinaire. - Pourtant, c’est bien pour cela que vous me rendez visite, n’est-ce pas ? s’étonna le blond. » Le Pécheur se renfrogna et Lazare afficha un sourire condescendant. « Jonas espérait pouvoir jouer double-jeu quelque semaines encore, le temps que tout soit au point. Je crains qu’il n’ait pas pris la mesure de… - Nous mesurons tous parfaitement la situation, les coupa Judith. » Pendant un instant, le silence flotta dans la pièce, troublé seulement par le craquement des bûches dans l’âtre. L’hôte des trois anges ne s’était pas départi de son sourire, mais il passa une main légèrement tremblante sur son front en sueur et Kael lui jeta un regard inquiet, prêt à intervenir si jamais la maladie prenait le dessus. Les invités parurent divisés devant cette marque de faiblesse ; l’expression compatissante de Lazare sonnait plutôt fausse et Jonas sembla exaspéré par ce qu’il prenait de toute évidence pour une feinte. Ce fut la blonde, la seule à rester impassible, qui reprit finalement la parole : « Vous pensez certainement qu’Il est au courant de notre visite et que par conséquent nous n’avons plus aucune chance Là-Haut, ce qui nous forcera à rejoindre votre camp quelles que soient vos propositions. C’est une erreur. Pour ma part, je n’ai pas encore tranché, et si vous ne me convainquez pas, je suis parfaitement prête à recourir au Pardon. - Oh, j’ai déjà entendu parler du Pardon ! lança Lucas d’un ton léger. Particulièrement douloureux, n’est-ce pas ? » Le regard de Judith resta d’une dureté imperturbable. « J’attends vos propositions, répliqua-t-elle. » Lucas se renfonça dans son fauteuil avec un petit soupir affecté. « Je vois. Vous avez le sens des affaires, chère Vengeresse. Mes propositions… » Il fit un large geste de la main. « Malheureusement, je ne crois pas que vous accordiez beaucoup de crédit à ma parole. - Voyons, Lucas, protesta Lazare non sans amusement. Quelle raison aurions-nous de la mettre en doute ? » Leur complicité parut agacer Jonas. « Et donc ? aboya-t-il. Vous n’allez rien nous dire, sous prétexte qu’on risque de ne pas vous croire ? - Pas du tout. Simplement, votre méfiance ne concerne que vous. Je n’ai pas à vous fournir de preuves ni de garantie de mes déclarations. » Judith leva le menton. « Evidemment, lâcha-t-elle d’un ton sarcastique, ce serait trop simple. » Lazare la fit taire d’un geste impatient et se pencha en avant, comme pour écouter avec plus d’attention les propos que son hôte s’apprêtait à tenir. Le regard déjà fiévreux de ce dernier parut s’animer d’un feu ardent. Sa voix se fit plus rauque. « Je peux vous promettre de l’argent, souffla-t-il. Je peux vous promettre la décadence, la débauche et les tueries qui vous manquent si cruellement. Je vous offrirai tout ce que vous avez oublié, chair, drogues et alcools. » Un frisson avait parcouru Jonas au mot « drogues. » Furieux d’avoir montré sa faiblesse, il détourna les yeux et haussa les épaules. Mais Lucas n’avait pas fini et reprit : « Vous retrouverez votre liberté, votre affranchissement. Vous n’aurez plus de limites, vous vivrez comme il vous plaira, saccageant les autels et semant la peur si tel est votre désir, tuant ceux qui vous ont contrarié, agissant sans avoir à craindre sans cesse le courroux d’un supérieur arbitraire et tyrannique qui punit le doute et la peur comme s’il ne s’agissait pas de sentiments humains. » Encore une fois, le brun parut touché au point sensible. Même Judith s’était tendue en entendant parler de liberté, et ses yeux d’un bleu acier ne quittaient plus le visage étrangement juvénile de Lucas. Seul Lazare, qui s’était renversé dans son fauteuil d’un geste de suprême dédain, n’avait pas réagi positivement. Son visage avait perdu son expression amicale pour devenir dur et distant, et sa voix fut brusque lorsqu’il prit la parole : « C’est tout ? - Tout ? répéta Jonas, incrédule. Que veux-tu de plus ? » Leur hôte eut un sourire en coin, mais Lazare semblait exaspéré. « Etes-vous donc si lâches ? cracha-t-il aux deux autres anges. Si je comprends bien, tout que Lucas nous propose, c’est de nous débarrasser de la crainte de Lui ! Car c’est bien elle qui vous empêche de faire ce qu’il nous décrit, n’est-ce pas ? Or Il ne m’a jamais effrayé, moi, et je n’ai que faire de ce présent ! - Je ne t’ai jamais vu festoyer ou tuer, pourtant, remarqua le blond avec un large sourire. Mais si tu n’as pas peur, c’est donc que tu t’en es simplement lassé ? » Les yeux gris le foudroyèrent du regard sans répondre. « Cependant, reprit Lucas, n’aies pas d’inquiétude, cher ami. J’avais prévu ta réaction. » Il marqua une pause et se tourna vers le démon qui, immobile et silencieux, avait assisté à toute la scène. « Kael, je me sens un peu faible, pourrais-tu m’apporter un whisky ? - Tout de suite, Sire. - Vous avez le sens du suspens, lâcha Judith d’un ton clairement agacé. » Lucas lui adressa son habituel sourire lumineux et but une longue gorgée du verre que le serviteur s’était empressé de lui ramener. Néanmoins, la pâleur de son teint était bien réelle et le regard de Kael semblait inquiet. Peut-être anxieux à l’idée que son état ne se dégrade avant qu’il n’ait accepté leur allégeance, Jonas perdit patience. « Alors, de quoi s’agit-il ? - La vie. La vraie vie. Celle que vous avez tous oublié depuis des siècles. » Il avait lâché sa réponse d’une voix si naturelle que les trois anges le fixèrent sans y croire. Puis Jonas passa une main tremblante dans ses cheveux et les yeux de Lazare se mirent à briller, exaltés. « Tu as vraiment trouvé… - Non, coupa Judith d’une voix brusque. Je n’y crois pas une seconde. Le reste, peut-être, mais ça… Comment pourriez-vous être capable de nous le donner ? - Il ne s’agit pas de ce que je suis capable ou non de faire, répliqua le blond, mais de ce que vous méritez. Vous êtes trois atouts incomparables, je l’admets, et je serais ravi de vous… recruter. Mais vos capacités, aussi puissantes soient-elles, ne peuvent pas suffire à recevoir la Vie. Autrement, tout le monde me la réclamerait. - Et que sommes-nous censés faire pour mériter ce que vous n’avez sans doute pas ? demanda la Vengeresse d’une voix acerbe. » Lucas sourit et finit son verre de whisky qui tinta lorsqu’il le reposa sur la table. « Me guérir, évidemment. » Un long silence suivit. « Sans preuves…, commença Lazare. - Je vous avais prévenu. - La Vie, répéta Jonas. » Sa voix tremblait presque d’excitation. Il regardait les deux autres comme s’il les trouvait stupides d’hésiter une seule seconde. « La Vie ! On ne peut tout de même pas passer à côté ! Et même sans elle… Le reste n’est-il pas assez prometteur ? En comparaison, que peut nous rapporter le fait de rester Là-Haut ? » Judith passa un pouce hésitant sur le pommeau de son sabre. « C’est d’accord, admit-elle. » Lazare hocha la tête sans un mot, une expression fébrile traversant son visage par vagues. Lucas frappa dans ses paumes avec enthousiasme. « Parfait ! Vraiment parfait ! Kael ? » Le serviteur se leva d’un bond et apporta des plumes, de l’encre et un parchemin aux quatre personnes. Les anges jetèrent rapidement un regard au papier avant de saisir un des outils. « Oh, c’est exactement ce que nous avons dit, lâcha leur hôte d’un ton désinvolte. Vous vous engagez à me prêter allégeance et me guérir, et je vous offre tout ce dont nous avons parlé. Y compris la Vie. Il suffit de signer là… » Trois traits d’encre fusèrent sur l’espace libre. Kael récupéra aussitôt le parchemin. « Ah oui, j’avais oublié un détail, ajouta le blond d’un ton détaché alors que ses invités, déjà debout, s’apprêtaient à partir. » Ils se tendirent aussitôt, le regardant avec méfiance, tandis qu’il leur souriait une fois de plus –cette fois, un peu de cruauté s’était mêlé à la joie sur son visage, enlaidissant ses traits de jeune adolescent. « Je me suis dit que seul l’un de vous pourrait me trouver le remède –après tout je n’ai pas besoin de trois personnes pour m’apporter une plante ou me faire une piqûre–, par conséquent seul l’un de vous obtiendra la Vie. Amusant, n’est-ce pas ? » Figés, ils ne répondirent pas. Un silence glacial régnait dans la pièce. « Le Pécheur, la Vengeresse et Celui Que L’On Ne Peut Pas Tuer adversaires au service du Diable ! Personnellement, je trouve ça follement réjouissant, compléta gaiement Lucas. N’est-ce pas, Kael ? - Tout à fait, Sire. » Au même instant, les ailes de trois anges devinrent d’un noir d’encre, leur arrachant un cri de douleur. Ils étaient définitivement déchus.
- Chap 1 : Cabélyst - Chap 2 : Herbe Folle - Chap 3 : Loli - Chap 4 : W. Bee - Chap 5 : Fraisy
(Je précise que ce premier essai sert un peu d'expérimentation. Il y a sûrement des choses qui vont ne pas marcher et qu'on modifiera par la suite, mais il faut bien se lancer un jour ;D)
Dernière édition par Loli le Sam 19 Jan 2013 - 23:48, édité 4 fois | |
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